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Coup de projecteur sur la précarité en Seine–Saint-Denis

Au-delà de la hausse du taux de mortalité mondial, le COVID-19 aura mis en lumière les inégalités entre les départements français. Dans le 93, précarité, chômage et exclusion sociale sévissent depuis de nombreuses années. Et la crise sanitaire n’a fait qu’exacerber une situation déjà catastrophique. Pourtant, ce département a plus à offrir que ce qu’on y montre souvent dans les médias. Porteur d’espoir, un rapport de l’Institut Montaigne abat les clichés.

Le 93 : le département de tous les superlatifs

Depuis des décennies, la Seine–Saint-Denis est connue pour être le département le plus pauvre de France métropolitaine. Rien de nouveau jusqu’ici. Le dernier rapport de l’Observatoire des inégalités vient d’ailleurs renforcer ce point en dévoilant des chiffres glaçants. Plus de 280 000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté, soit 17,5 % de la population. 7 de ses communes se classent dans les 20 villes les plus en difficulté du pays. Saint-Denis, la plus grande ville du département, compte à elle seule pas moins de 40 000 personnes en précarité économique et sociale.

C’est dire la gravité de la situation. Aujourd’hui, un tiers des habitants de Seine–Saint-Denis ne résident pas dans un logement décent. Encore un triste record national. Sur le plan de l’inactivité sur le marché du travail, le département se démarque aussi négativement. En 2019, il se plaçait au 9e rang des 10 départements au taux de chômage le plus élevé de France. Et depuis 20 ans maintenant, ce taux peine à baisser sous la barre des 10 %.

Des inégalités intensifiées par le COVID-19

En septembre 2020, le tableau se noircit encore plus avec la situation sanitaire. Des acteurs locaux issus de différentes associations font part de constats affligeants. Des rapports du Secours Populaire ou des Restos du Cœur notent un élargissement des profils de leurs bénéficiaires. Si les inégalités existaient avant la crise sanitaire, elles n’ont jamais été aussi visibles qu’aujourd’hui. Les fils d’attente pour recevoir les aides alimentaires s’étirent, et les personnes qui les composent ne sont pas toujours celles qu’on soupçonne : des salariés en chômage partiel, des indépendants ou des étudiants ; le coronavirus a bien ouvert de nouvelles plaies. Des conséquences qui vont sans nul doute se faire ressentir sur de longues années encore.

Pourtant, dans ce déluge de négativité, le rapport de Hakim El Kaouri, publié par l’Institut Montaigne, apporte un vent d’espoir. Son auteur revient sur ces préjugés qui rendent le département tristement célèbre et les bouscule. Facteur d’optimisme, son étude souligne les nombreuses qualités de la Seine-Saint-Denis : son capital humain jeune, sa proximité avec les métropoles et l’essor des activités de transport ou de logistique.

Oui, disons-le, ce département a un fort potentiel économique. Mais pour devenir un réel réservoir de dynamisme, des efforts doivent être menés. Et tout particulièrement sur le plan social afin de réduire les écarts accentués par la crise sanitaire. Le rapport insiste sur l’intérêt de réinvestir dans les domaines qui comptent : l’intérieur, l’emploi, l’éducation et la justice. Miser sur les rénovations de bâtiment ne suffit plus. Une réelle stratégie d’inclusion sociale et de lutte contre la précarité doit être engagée. Il est temps de remettre la dignité et l’humain au centre des investissements. Une stratégie qui fait écho à la raison d’être même de l’association Frères Humains.

Sources :

Institut Montaigne, octobre 2020 – https://www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/les-quartiers-pauvres-ont-un-avenir-rapport.pdf

Secours Populaire, rapport d’activité de 2020 – https://docs.google.com/viewerng/viewer?url=https://www.secourspopulaire.fr/93/sites/default/files/atoms/files/rapport_annuel_2020.pdf

Observatoire des inégalités, février 2021 – https://www.inegalites.fr/La-pauvrete-dans-les-departements